Yijing Yiking Iching Comment interpréter le Yijing chinois 2

Yi Jing, I Ching, Yiking, Yijing, Yi King, Yih-king


Livre des mutations, Livre des Oracles, Livre de sagesse


Le classique des mutations.




Comment interpréter le Yijing chinois.
La préface de Carl Gustav Jung

>Bien que cette manière de faire soit parfaitement conforme aux prémices de la philosophie taoïste, elle nous apparaît comme par trop extravagante. Pourtant je n’ai jamais été choqué par l’étrangeté des illusions pathologiques ou des superstitions primitives. Je me suis toujours efforcé de demeurer l’esprit libre et curieux - rerum novarum cupidus. Pourquoi ne pas tenter un dialogue avec un ancien livre qui se déclare animé ? Il ne peut y avoir de mal à cela, et le lecteur peut ainsi observer une procédure psychologique qui a été utilisée d’âge en âge à travers les millénaires de la civilisation chinoise, représentant pour un Confucius et un Lao Zi à la fois une expression suprême d’autorité spirituelle et une énigme philosophique. J’ai utilisé la méthode des pièces et la réponse obtenue a été l’hexagramme 50, Ding, le " Chaudron ".

Conformément à la manière dont ma question était posée, le texte de l’hexagramme doit être considéré comme formé de paroles prononcées par le Yi Jing lui-même. Le livre se décrit ainsi comme un chaudron (Ding), c’est-à-dire un vase rituel contenant des aliments cuits. Par aliments il faut entendre ici une nourriture spirituelle. Wilhelm dit à ce propos :

• " Le chaudron, en tant que réalisation d’une civilisation raffinée 8, évoque les soins et l’alimentation prodigués aux hommes de valeur, soins qui tournent au bien du peuple [... ] C’est le tableau de la civilisation qui culmine dans la religion. Le chaudron sert aux sacrifices divins [... ] La manifestation suprême de Dieu se trouve dans les prophètes et les saints. Honorer ceux-ci est la manière véritable d’honorer Dieu. La volonté de Dieu qui se révèle à travers eux doit être accueillie avec humilité. "

Demeurant fidèles à notre hypothèse, nous devons conclure que le Yi Jing rend ici témoignage de lui-même. Lorsqu’un trait d’un hexagramme donné correspond à un six ou à un neuf, cela veut dire qu’il est mis tout spécialement en relief et qu’il est donc particulièrement important pour l’interprétation. Dans mon hexagramme les " influences spirituelles " ont mis en relief, à l’aide d’un neuf, les traits situés à la deuxième et à la troisième place. Le texte dit " Neuf à la deuxième place signifie : Dans le chaudron il y a des aliments. Mes compagnons sont envieux, mais ils ne peuvent rien contre moi. Fortune".

Ainsi le Yi Jing dit de lui-même : " Je contiens de la nourriture (spirituelle). " Le fait d’avoir part à quelque chose de grand excite l’envie et c’est pourquoi le cœur des envieux est inclus dans le tableau. Les envieux veulent dépouiller le Yi Jing des grands biens qu’il possède, c’est-à-dire le dépouiller de sa signification, détruire cette signification. Mais leur hostilité est vaine. Sa richesse de sens est assurée : il est convaincu de ses vertus positives que nul ne peut lui ôter.

Le texte poursuit : " Neuf à la troisième place signifie L’anse du chaudron est changée. On est entravé dans sa conduite. La graisse du faisan n’est pas mangée. Dès que la pluie se met à tomber le remords s’efface. À la fin vient la fortune. "

L’anse est la partie par laquelle le chaudron peut être saisi .Elle signifie donc le concept que l’on aura du Yi Jing (le Ding). Dans le cours du temps cette idée semble avoir changé au point qu’aujourd’hui nous ne pouvons plus saisir le Yi Jing. Ainsi " on est entravé dans sa conduite ". Nous n’avons plus le soutien du sage conseil et du savoir profond et pénétrant de l’oracle ; c’est pourquoi nous ne trouvons plus notre chemin dans le labyrinthe du destin et les obscurités de notre propre nature. La graisse du faisan, c’est-à-dire la partie la meilleure et la plus riche d’un mets exquis, n’est plus mangée. Mais lorsqu’à la fin la terre reçoit à nouveau la pluie, c’est-à-dire lorsque cet état de disette a été surmonté, le remords, c’est-à-dire le chagrin causé par la perte de la sagesse, s’évanouit, et alors se présente l’occasion tant attendue.