Chroniques Qigong Chinois

Résumé de lecture de La fièvre du qigong par Robert Boudreault



 

La fièvre du qigong : guérison, religion et politique en Chine, 1949-1999,
par David A. PALMER
Éditions de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, 2005, 511p.


 
Chroniques sur le Qigong chinois
page 3 de 6

Chaque méthode comporte généralement les éléments suivants : 1- un nom spécifique, 2-une échelle de niveaux ascendants, 3- un éventail de techniques (gongfa) (gymnastique, respiration, méditation en position assise, debout ou allongée, mantras…, 4- un environnement symbolique : les noms des postures sont souvent tirés de la tradition chinoise, 5 – un enseignement théorique (gongli), souvent exposé simple des notions de base tirées de la tradition (cosmologie chinoise traditionnelle, médecine, taoïsme, arts martiaux, bouddhisme, scientisme, confucianisme) (p.99).

Les lignées de masse.

Les grandes lignées de masse sont : YANG Meijun (1903 -), et le « Qigong de la grande oie » [Dayan qigong] est de filiation taoïste, donc non rattachée à médecine chinoise. C’est l’image de l’héritière d’une lignée ancestrale et détentrice de pouvoirs magiques (p.104-106). ZHAO Jinxiang (1936- ) et l’« Envol de la grue »[Hexiang zhuang]. Cette méthode provoque la transe du « qigong des mouvements spontanés » (p.107). LIANG Shifeng )1942- ) et le « Qigong des mouvements spontanés du Jeu des cinq animaux » [Zifa wuqinxi donggong]. Cette méthode du champion des arts martiaux est fondée sur l’idée que le nombril « champ de cinabre » est la racine de la vie sur lequel il faut se concentrer et en appuyant à répétition sur celui-ci avec son doigt (p.107-108). MA Litang (1903- ) et le « Qigong nourrissant ». Ce maître d’arts martiaux enseigne une série de méthodes de qigong assis, debout, allongé et ambulatoire et la « formule en six caractères » (p.108-1090. WEI Ping’an (1935- ) et le « travail intérieur de Shaolin de la contemplation du doigt » [Shaolin neijin yizhichan]dérivée des arts martiaux. En 1964 il étudie le taijiquan de style Yang avec ZHANG Yonghe. (p.109-110).
.




L’idée du paranormal ou des fonctions exceptionnelles.

L’idée du paranormal ou des fonctions exceptionnelles et du qigong propose donc une idéologie nationaliste de la rédemption de la Chine par une nouvelle révolution scientifique déclenchée en Chine mais aux répercussions mondiales (p.145). La stratégie de légitimation consiste donc à faire des expériences en laboratoire et obtenir l’aval de scientifiques de renom, puis de s’organiser selon le modèle de la communauté scientifique (p.148). On parle alors de parasomatologie, car l’activité mentale censée déclencher ces phénomènes n’étant qu’une manifestation du fonctionnement somatique pris comme un tout. Cela conduit QIAN Xuesen à proposer, dans un contexte marxiste, trois principes de recherche sur le qigong afin de le faire passer l’état de pré-science au statut de science véritable :

1. Se fonder sur l’expérience des pratiquants de qigong et sur les changements objectifs observés lors de la thérapie par le qigong,

2. À un niveau plus élevé, synthétiser l’expérience des maîtres de qigong sur cette base, rédiger des manuels pour l’enseignement du qigong,

3.  À un niveau encore plus élevé, étudier et arranger les textes théoriques du qigong (p.132).

  Toute cette effervescence sur le « qi externe » et les fonctions paranormales ont amené les chercheurs à formuler 7 théories explicatives (Photons, matière vitale, fonctions ATP, système nerveux endocrinien et central, les cellules vivantes, adsorption d’électricité) (p.134-135). Sur les entrefaites, Herbert BENSON, le spécialiste de l’effet de relaxation, visite en juillet 1983, le sanatorium de Qigong de Beidaihe.

L'expansion des institutions.

Les institutions continuent leur croissance. En juillet 1985, Mme FENG Lida fonde l’Institut de recherches en immunologie pour étudier l’effet du qigong sur le système immunitaire (p.159) En 1987, ZUO Lin et GUO Zhouli créent l’Association chinoise pour l’étude du qigong sportif, et ZHANG Zhenhuan dirige la nouvelle Association chinoise des sciences somatiques (p.166). Puis en mars 1988, naît à Singapour la Fédération internationale de la science du qigong, présidée par WU Shaozu, avec la revue officielle « Qigong et Sports » dont le siège social déménagera à Xian en 1989 (p.169). En octobre 1988 se tient à Pékin le 1er congrès international de qigong médical (p.171).

En août 1982 s’organise le premier cours officiel de qigong depuis la Révolution culturelle. Animé par LIN Housheng et d’autres experts de l’Institut de recherches en médecine chinoise de Shanghai, la formation, tenue au mont Lushan, comprend la théorie de base du qigong, l’histoire du qigong, les principes et méthodess de la pratique, ainsi que six méthodes d’écoles différentes : le « qigong robuste en position debout » de LIU Guizhen, le « Qigong de la grande oie » de YANG Meijun, le « Travail intérieur de Shaolin », la « Méthode en six étapes » et les « Dix-huit Postures du qigong du taiji ». Entre 1985 et 1996, plus de 500 000 personnes seront formées (p.173). Éléments biographiques sur LI Hongzhi (fondateur du falungong), YAN Xin, ZHANG Hongbao (fondateur du zhonggong), CHEN Linfeng (fondateur du "Qigong de l’origine de la sagesse Huiyuangong)" (p.187-200).


(*) BOUDREAULT Robert « Le Petit Yang : dictionnaire synthèse de taiji quan pour débutants », Les Ateliers de Tai Ji, St-Nicolas (Québec), 1997, 65 p.