Chroniques Qigong Chinois

Résumé de lecture de La fièvre du qigong par Robert Boudreault



 

La fièvre du qigong : guérison, religion et politique en Chine, 1949-1999,
par David A. PALMER
Éditions de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, 2005, 511p.


 
Chroniques sur le Qigong chinois
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Consolidation des lignées de masse

Dans l’organisation des lignées de masse (voir l’Annexe 10, pp.291-293), le passage à un niveau supérieur de formation est lié à une plus forte implication dans la lignée (p.287-288). Exemple d’une lignée « associative » : le Zangmi qigong, dérivé du bouddhisme tibétain, consiste principalement en méditation assise, en récitation d’incantations, et dans l’étude du Soutra du diamant. Elle insiste sur l’« exercice de la vertu » dans la vie quotidienne, qui doit occuper 70% de l’effort de l’adepte, les exercices corporels ne comptant que pour 30% (p.295). Elle offre trois stages : culture traditionnelle (philosophie, spiritualité) ; hygiène pour personnes âgées (bonne forme physique, spirituelle, mentale, psychologique) ; perfectionnement technique (p.301-302). Une lignée « industrielle » : le Zhonggong de ZHANG Hongbao. L’organisation est implantée dans la capitale et se lie aux sphères du pouvoir. Son système comprend un système philosophique, un des sciences de la vie, un de « médecine exceptionnelle », un d’art et d’esthétique, un d’éducation, un de gestion industrielle et politique, un de comportement. La discipline interne est calquée sur celle du Parti : autocritique, perte des titres et fonction, expulsion. Le système de formation est très standardisé, axé sur la productivité, sur le temps très structuré, sur l’emploi de la suggestibilité pour présenter la méthode, sur la formation pour transmettre les concepts par le biais de techniques corporelles, sur l’insistance de la loyauté envers le maître et le Zhonggong, sur les 8 niveaux de l’organisation, dont les 3 derniers ne sont pas révélés publiquement. Une « ligne militante » : Falungong. Après la disparition de ZHANG Hongbao, le Zhonggong s’éclipse au bénéfice du Falungong, à partir de 1996. Ce dernier mise sur les « aspirations et symboles religieux » qui avaient été libérés par le qigong, et sur un modèle organisationnel souple et léger des réseaux de transmission. Selon LI Hongzhi (1952- ), l’objectif est la purification du cœur et le salut spirituel ! (ni la santé, ni les fonctions exceptionnelles) (p.339). À la mi-1996, nouvelle politique officielle : qigong hygiénique par lequel « les masses, en participant à l’entraînement, améliorent leur santé physique, nourrissent la vie et recouvrent la santé » relève désormais des autorités sportives ( donc de WU Zhaozu) ; la « thérapie par le qigong » qui consiste à « enseigner le qigong à d’autres personnes, ou à employer des méthodes thérapeutiques de qigong pour soigner directement des malades » relève des instances de la médecine chinoise (p.376).
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La campagne de rectification commence le 17 avril 1996 par l’arrestation de ZHANG Xiaoping. Elle est menée par HUANG Jingbao (p.378). Fin 1996, l’Association chinoise d’études scientifiques du qigong » de HUANG Jingbao n’existe plus (p.380). Le 17 juin 1996 : article de journal contre le Falungong. Juillet 1996 : interdiction par le Département de la Propagande, de publier des livres sur le Falungong (p.381). Fin 1996, le Falungong n’a plus de statut légal (p.383). Puis le 22 février 1998 : nouveaux critères d’accréditation auprès du Bureau d’administration des Sports (p.387). Onze lignées seront reconnues, mais pas le Falungong. Donc ce dernier devient illégal. D’où radicalisation du Mouvement, donc démonstration publique massive. C’est un devoir dans l’ascèse du pratiquant de manifester contre les médias et les instances politiques (p.390). Le mouvement prend de l’ampleur : rassemblement de 2000 personnes en 1997, de 5000 en 1998, pénètre l’Armée et la Police. YE Hoo, proche disciple de LI Hongzhi, est directeur adjoint au Département informatique du Ministère de la sécurité publique (p.393). Les instances officielles du bouddhisme s’inquiètent des déserteurs…et en font part à l’État (p.394). Et le 25 avril 1999, c’est la manifestation de Zhongnanhai (près de Pékin) : ils sont 10 000 à vouloir rencontrer le 1er ministre ZHU Rongji (p.397). Début des arrestations, d’interdiction de pratique, saisies, congédiements… Campagne nationale anti-Falungong. Le 19 juillet 1999 : éditorial en première page du Quotidien du Peuple… 30 000 arrestations dans 30 villes ! Le 21 juillet, le Falungong est déclaré illégal par le Comité Central du PCC (p.403). Les écrits de LI Hongzhi deviennent encore plus apocalyptiques (p.404).


(*) BOUDREAULT Robert « Le Petit Yang : dictionnaire synthèse de taiji quan pour débutants », Les Ateliers de Tai Ji, St-Nicolas (Québec), 1997, 65 p.