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Zeng Fanzhi, 20 ans après ses premiers pas à Pékin [27/09/2016]

Le Centre d’art contemporain Ullens à Pékin a ouvert sa rétrospective dédiée à l’un des plus célèbres artistes contemporains, ZENG Fanzhi. L’exposition court jusqu’au 19 novembre 2016, autour de 25 années de travail, depuis les séries Hospital et Masques qui ont fait de lui une célébrité mondiale.

Pékin, le tremplin d’une carrière

Formé à l’Académie des Beaux-Arts du Hubei dans le Wuhan, à 800 kilomètres de Shanghai. Après l’obtention de son diplôme, le jeune artiste s’installe à Pékin en 1993, où il commence sa désormais fameuse série des Masques, dont l’influence Pop Art trouvera un écho favorable sur les scènes occidentales. Le Pékin du début des années 90′ s’avère extraordinairement dynamique créativement, en pleine période de mutation économique, idéologique et sociale forte. L’énergie de la ville attire les occidentaux, ses premiers acheteurs d’oeuvres avant même qu’il ne se fasse remarquer par ses compatriotes. Sa carrière débute ainsi, ouverte sur la scène internationale. En 1993 et 1994, la puissante galerie Marlborough l’intègre à deux expositions londoniennes. D’emblée, Zeng Fanzhi s’inscrit comme un fer de lance de la nouvelle peinture chinoise. A Pékin toujours, il rencontre Myriam Ullens et Guy Ullens, qui ne sont pas encore célèbres. Zeng Fanzhi ne sait pas qu’il vend une première toile à des pionniers de l’art contemporain chinois, bientôt initiateurs du premier centre artistique privé de Chine, le Ullens Center for Contemporary Art (UCCA) qui ouvre ses portes en 2007, dans l’Espace 798 à Pékin. Les Ullens achèteront bien d’autres toiles, dont The Last Supper, une œuvre de 2001 issue de la série des Masques, qui électrisait les enchères à plus de 23 m$ en octobre 2013 à Hong Kong, un record jamais égalé.

L’artiste chinois le plus coté

Zeng Fanzhi intègre pour la première une vente aux enchères avec la série des Masques. Nous sommes en 1998, et Christie’s prend le risque de présenter deux toiles à Londres. Mais il est trop tôt et, malgré ses expositions passées à la Marlborough de Londres, les deux toiles sont ravalées. Elles étaient pourtant accessibles pour moins de 8 000 $ chacune, le prix actuel pour une lithographie en tirage très limité.

Arrivent les années 2000 et la spectaculaire émergence de l’Asie sur le marché de l’art mondial, menée par la Chine. Les artistes chinois attisent de nouvelles convoitises et le marché explose dans les années 2004-2007. Zeng Fanzhi décroche ses premiers résultats millionnaires en mai et juin 2007 à Hong Kong et à Pékin. A l’automne de la même année, les millions arrivent à Londres et à New York : le succès est international. Zeng Fanzhi devient le fer de lance de la création chinoise de la seconde moitié du XXème siècle, les collectionneurs se ruent cette signature brûlante, et les records s’enchainent. L’artiste s’impose alors comme le contemporain chinois le plus cher du moment. En 2008, son diptyque Mask series 1996 No.6 part pour 8,6 m$, au quintuple de son estimation (Christie’s Hong Kong) puis, en octobre 2013, un nouveau pallier est atteint, avec les 23,2 m$ décrochés pour The Last Supper (Sotheby’s Hong Kong). A l’époque, ce record fait de Zeng Fanzhi le quatrième artiste vivant le plus cher de la planète, après Gerhard RICHTER, Jeff KOONS et Jasper JOHNS et, par la même occasion, l’artiste de moins de 50 ans le plus cher du monde.

Si l’heure n’est plus à de telles envolées de prix, sa notoriété est désormais bien ancrée. Des expositions prestigieuses, dont celle du Musée d’Art Moderne de Paris en 2013-2014, ont participé à inscrire profondément sa signature dans le paysage culturel actuel. Même si le marché est retombé, Zeng Fanzhi reste incontournable dans l’émergence d’un nouvel art contemporain chinois.

Ces dernières années, il renoue avec l’histoire de l’art chinois dans un travail plus introspectif, tourné vers l’observation de la nature et des maîtres anciens. Sa manière de peintre a radicalement changé : les coups de pinceaux sont devenus visibles, stridents, expressifs, d’une façon que certains rapprochent de l’expressionnisme mais que l’artiste explique plutôt par un lien fondamental avec la calligraphie traditionnelle dans son état d’esprit.

Aujourd’hui, Zeng Fanzhi aborde son parcours et sa célébrité avec une nouvelle maturité. Il engage son art sur le terrain essentiel de la protection environnementale, contribuant ainsi à la sensibilisation de ses compatriotes sur cette question, particulièrement brûlante en Chine. Sa meilleure adjudication emportée sur les 12 derniers mois témoigne de cet engagement, car elle récompense, à hauteur de 5,4 m$, une peinture représentant notre planète bleue, intitulée Paradise (vente du 4 octobre 2015 chez Sotheby’s à Hong Kong). Pourquoi si chère pour une toile de 80 centimètres ? D’une part parce que l’oeuvre en question est co-réalisée avec une autre figure chinoise phare Ma Jack, fondateur du site internet Alibaba et milliardaire le plus populaire de Chine. Mais surtout parce qu’elle se vendait à des fins philanthropiques, l’argent généré étant destiné à lever des fonds pour la protection de l’environnement. Pari réussi : la réunion médiatique de Zeng Fanzhi et de Ma Jack autour d’une noble cause a fait exploser son prix, 17 fois au-dessus de l’estimation haute.


Hong Kong en ligne de mire [24/05/2016 03:51]

Après les grandes cessions de New York, les majors du marché s'apprêtent à ouvrir leurs ventes d'art à Hong Hong, l'une des places de marché les plus dynamiques du monde. Poly Auction, Bonhams, China Guardian, Sotheby's et Christie's vont disperser plusieurs centaines d'oeuvres asiatiques entre le 28 et le 31 mai 2016.

Les ventes hongkongaises de printemps sont le pendant d'un volet organisé chaque année à l'automne. L'année dernière, Sotheby's organisait huit ventes d'art à Hong Kong en trois jours (du 4 au 6 octobre 2015), depuis l'art traditionnel asiatique jusqu'aux productions contemporaines, réalisant un chiffre d'affaires de 162 m$. Puis, en avril dernier, la société américaine donnait d'autres ventes importantes (six sessions entre le 3 et le 5 avril 2016), dont la très réussie Brushwork. From Asia to The World (100% des lots vendus) et de nouveaux records mondiaux pour Tsuguharu FOUJITA, WANG Huaiqing, Liu Wei, WU Dayu. En mai, Christie's se démarque avec une proposition dense, puisqu'elle dispense sept sessions de ventes de Fine Art Asiatique entre le 28 et le 31 mai et fête au passage ses 30 ans d'implantation en Asie.

Ouverture du bal le 28 mai 2016, avec une cession contemporaine qui sera suivie de trois vacations le lendemain. Art asiatique traditionnel, du XXème siècle et contemporain, travaux chinois à l'encre animent des ventes-marathon. Une vente est consacrée au trentenaire de Christie's en Asie, 30 years : The Sale, avec 30 lots toutes catégories. Le mélange des genres adopté offre un bon témoignage du goût asiatique, autant porté sur les montres de luxe, les bijoux de saphir ou d'émeraude, les bouteilles de Romanée-Conti, que des œuvres d'artistes phare de la place de marché hongkongaise, à l'image de Qi Baishi, Chu-Teh-Chun, Zhang Daqian, Yayoi Kusama ou Li Keran. Le lot phare de la vente anniversaire est une grande huile sur toile de l'artiste japonais Kazuo SHIRAGA (1924-2008) achevée en 1960. L'estimation n'est pas rendue public mais au vue de sa qualité et de son énergie, cette toile devrait arriver dans le Top 5 des enchères de l'artiste. Rappelons que Kazuo Shiraga est l'un des trois artistes japonais les mieux cotés à l'heure actuelle, avec Yoshitomo Nara et Yayoi Kusama, et qu'il multiplie les coups d'éclats depuis deux ans.

L'art asiatique international

Pour ce qui est des signatures asiatiques les plus convoitées, les plus aptes à recevoir des enchères venues du monde entier, voici quelques lots phares qui devraient faire valser le marteau ou susciter de sévères déconvenues, selon l'humeur des enchérisseurs... Commençons avec l'oeuvre de Yoshitomo NARA en couverture du catalogue du 28 mai : Banging the Drum est une peinture sur bois exécutée il y a presque 10 ans. Depuis cette époque, la cote de Nara s'est avérée explosive, avec une hausse de +267% depuis 2007... Par ailleurs, il se trouve que l'oeuvre en question a déjà fait son effet en salle, puisqu'elle fut adjugée une première fois pour 770 000 $ frais inclus en octobre 2014 à Londres. L'année 2014 n'est pas loin, pourtant Christie's attend au moins 200 000 $ de plus pour ce Banging the Drum... or, elle n'a pas tort : l'indice des prix de Nara ayant grimpé de 60% ces deux dernières années, Christie's n'est pas trop optimiste en proposant l'oeuvre à 25 % de plus...
L'oeuvre pourrait même finir millionnaire, comme c'est le cas pour 26 autres œuvres mises en vente ce jour. Parmi eux, six lots pourraient passer le seuil des cinq millions de dollars, dont trois signées par ZAO Wou-Ki, star incontestée de ces ventes hongkongaises. Autres artistes franco-chinois en lice : la toile No.312 (1969) de CHU Teh-Chunest annoncée entre 5 et 6 m$, ce qui en fait l'une de ses œuvres les plus cotées du marché ; et TANG Haiwen est attendu entre 100 000 et 200 000 $ le 28 mai pour un dessin en couleurs de 70 centimètres, ce qui constituerait un nouveau record pour une aquarelle dans cette dimension.

D'autres œuvres alimentent le marché haut de gamme. Des œuvres plus convoitées par les acheteurs asiatiques que par les amateurs internationaux. Christie's espère notamment un résultat flamboyant pour une toile de WANG Huaiqing, artiste dopé, le 3 avril 2016, par la vente de sa toile Feet 2 au prix record de 7 m$ chez Sotheby's Hong Kong. Gold Stone devrait flirter avec ce record chez Christie's. Autre star du marché asiatique, XU Beihong est représenté avec une dizaine de dessins, évalués de 20 000 $ à plus de 4 m$ selon leur importance. En dernier lieu, signalons la manne de dessins de ZHANG Daqian animant ces ventes : trois chez Poly auction le 28 mai, 4 chez Bonhams et autant chez China Guardian le lendemain, huit chez Sotheby's le 30 mai et surtout.... pas moins de 41 chez Christie's jusqu'au 31 mai.
Une telle force de proposition envoie des signaux optimistes sur la tenue du marché à Hong Kong, la seule place de marché chinoise résistant à la crise, la seule chinoise à progresser aujourd'hui...

Source  © artprice.com

Top 10 des adjudications à Hong Kong
(01/10/2015 - 15/10/2015)


Rang         Artiste Adjudication               Oeuvre Vente
1 Yayoi KUSAMA 6 063 000$     No. Red B (1960) 2015-10-04 Sotheby's HK
2 WU Guanzhong 4 902 000$      Peach Blossoms (1973) 2015-10-04 Sotheby's HK
3 ZENG & MA Fanzhi & Jack 4 644 000$      Paradise (2014) 2015-10-04 Sotheby's HK
4 Louise BOURGEOIS 4 644 000$      QuarantaniaQuarantania (1947-1953) 2015-10-05 Seoul Auction HK
5 Whan Ki KIM 3 999 000$      19-VII-71 #209 (19-VII-71 #209) (1971) 2015-10-05 Seoul Auction HK
6 FU Baoshi 3 870 000$      Beauties (1945) 2015-10-06 Sotheby's HK
7 ZHANG Daqian 2 644 500$      Lotus in the Wind (1973) 2015-10-06 Sotheby's HK
8 ZAO Wou-ki 2 580 000$      08.03.66 (1966) 2015-10-04 Sotheby's HK
9 ZHANG Daqian 2 386 500$      Lotus Pond (1979) 2015-10-06 Sotheby's HK
10 ZHANG Xiaogang 2 347 800$      Tiananmen No. 3 (1993) 2015-10-04 Sotheby's HK
copyright © 2015 artprice.com

Hong Kong est l'une des places de marché les plus dynamiques du monde et une porte d'entrée pour les artistes occidentaux sur le marché asiatique. Prendre le pouls de ce marché, spécialement en cette période économique délicate, permet de voir quels sont les artistes qui tiennent le mieux les enchères, et à quel prix. Arprice revient sur les récents résultats d'un mois d'octobre particulièrement dense à Hong Kong, où Sotheby's organisait par moins de huit ventes Fine art en trois jours (du 4 au 6 octobre), un véritable marathon d'enchères partant de l'art traditionnel asiatique jusqu'aux productions les plus contemporaines. Ces huit vacations ont rapporté 162 m$ (chiffre d'affaires de Sotheby's entre le 4 et le 6 octobre), dont 76,8 m$ pour la seule vente de soirée d'Art asiatique Moderne et Contemporain, la plus prestigieuse de toutes.

C'est à l'occasion de cette vente que l'artiste japonaise la plus cotée du monde, Yayoi Kusama (née en 1929), passait les 7 m$ frais inclus pour No. Red B, un travail de 1960 cédé 2 m$ au-dessus de son estimation. Sotheby's frôlait là le nouveau record mondial de Kusama, record toujours tenu par la toile White No. 28 vendue l'an dernier à New York (7,1 m$ frais inclus, Christie's, le 12 novembre 2014). Un tel résultat, 7 m$, ancre d'autant plus la puissance du marché hongkongais face au marché new-yorkais que l'acheteur est un collectionneur privé asiatique. Collectionnée au plus haut niveau à l'Est comme à l'Ouest, Yayoi Kusama explose avec des prix en hausse de 512% depuis 2000, dont une forte accélération ces cinq dernières années.

La seconde place est tenue par Wu Guanzhong (1919-2010), un phénomène du marché asiatique dont l'indice des prix est en hausse de près de 600% depuis 2000. Ses toiles atteignent des prix fous en Chine : plusieurs millions pour les meilleures, dont un record à 17,7 m$ depuis 2011 (avec sa toile Lion Woodsde 1988, vendue chez Poly International à Pékin). On trouve sporadiquement ses œuvres dans les salles new-yorkaises, généralement des dessins, vendus entre 100 00 et 300 000 $, plutôt que des toiles très chèrement disputées en Chine.

Guanzhong fait partie, avec Fu Baoshi (1904-1965) et Zhang Daqian (1899-1983), des artistes les plus prisés de la scène chinoise. Ces deux maîtres font aussi partie des 10 artistes mondiaux les plus performants en salles depuis quatre ans. Sans avoir renoué avec les sommets d'enchères atteint en 2011 (record à 24,5 m$ pour Zhang Daqian chez Sotheby's Hong Kong et à 36,2 m$ pour Fu Baoshi chez Beijing Hanhai à Pékin), il restent des valeurs sûres de la modernité chinoise.

Autre valeur refuge sans laquelle les grandes ventes ne peuvent plus compter : celle du franco-chinois Zao Wou-Ki (1921-2013), l'un des artistes les plus demandé aujourd'hui. L'Asie toute entière (Hong Kong, Taïwan, Chine continentale) est assoiffée de ses œuvres et dégage dégage 80 % de son chiffre d'affaires ; tandis que la France demeure un vivier d'oeuvres (40 % des transactions). Zao reste l'artiste chinois le plus plébiscité des deux marchés, chinois et européen, un succès qui tire vers le haut d'autres artistes chinois ayant marqué le paysage artistique français.


Les surprises du classement

Trois surprises sont au classement, avec le duo explosif formé par Zeng Fanzhi & Jack Ma le temps d'une oeuvre, l'introduction de Louise Bourgeois sur la marché hongkongais, et l'affirmation du marché coréen avec le nouveau record de Kim Whan Ki.

Troisième au classement : Paradise est la seule œuvre connue conjointement réalisée par Zeng Fanzhi & Jack Ma, fruit d'une collaboration ponctuelle dans le cadre d'une démarche philanthropique. Zeng Fanzhi & Jack Ma ont conçue cette œuvre pour la fondation The Paradise International, fondation à but non lucratif de défense de l'environnement. Lors de son passage en salle le 4 octobre chez Sotheby's, elle a littéralement flambé, partant d'une estimation de près de 200 000 $ pour finir à 5,4 m$ ! Certes, Zeng Fanzhi est l'artiste contemporain chinois le plus coté de tous, mais la générosité des participants aux enchères explique en partie cette envolée, le fruit de la vente fut reversée à la fondation The Paradise International. L'oeuvre elle-même, The Paradise, s'inscrit dans la continuité du travail et de l'engagement de Zeng Fanzhi, qui a entamé une série de paysages expressionnistes (Landscape series) après la fameuse série des Masques qui l'a propulsé sur le devant de la scène contemporaine. Zeng met à profit sa notoriété pour sensibiliser ses compatriotes sur des questions écologiques qui le concernent personnellement. Zeng Fanzhi a en effet grandi dans la ville de Wuhan, tristement redoutée pour ses épais nuages de pollution, sa chaleur démentielle et son eau particulièrement polluée.

Ce mois d'octobre marquait aussi le premier passage en vente hongkongaise de Louise Bourgeois (1911-2010), au résultat favorable : sa sculpture en bronze QuarantaniaQuarantania a changé de mains pour 4,6 m$, dans sa fourchette d'estimation, chez Seoul Auction. C'est, à l'heure actuelle, le record pour cette œuvre totémique, vendue 2 m$ de moins à New York en 2008.

La cinquième place tenue par Kim Whan Ki (1913-1974) révèle par ailleurs l'explosion en cours pour les grandes figures de l'art coréen. Les 3,99 m$ décrochés par sa toile 19-VII-71 #209 constituent le record absolu d'un Kim Whan Ki généralement plus habitué aux salles de ventes coréennes (66% de son chiffre d'affaires habituellement réalisé en Corée) que hongkongaises. Artiste majeur de la modernité artistique coréenne, il incarne aussi un idéal d'ouverture internationale puisque, après des études à Tokyo, il travailla à Seoul, Paris et New York. Les places de marché occidentales sont encore peu actives sur cette signature, bien que l'une de ses œuvres ait passé les 1,4 m$ en 2011 à New York.

Ce mois d'octobre marquait aussi le premier passage en vente hongkongaise de Louise Bourgeois (1911-2010), au résultat favorable : sa sculpture en bronze QuarantaniaQuarantania a changé de mains pour 4,6 m$, dans sa fourchette d'estimation, chez Seoul Auction. C'est, à l'heure actuelle, le record pour cette œuvre totémique, vendue 2 m$ de moins à New York en 2008.

Ce classement confirme la haute tenue du marché chinois, l'attention croissante pour artistes contemporains japonais et coréens. Il nous révèle que la création contemporaine réalise les meilleurs scores et que, outre les artistes asiatiques, une signature aussi incontournable que Louise Bourgeois dans l'art occidental peut commencer à s'imposer dans des salles de ventes chinoises.

Source  © artprice.com

Le cas Wang Keping
王克平的实例


Depuis quelques années, les collectionneurs chinois s'intéressent de très près à leurs compatriotes partis faire carrière à Paris au XXème siècle, et dont les œuvres offrent des visions hybrides de la grande tradition asiatique et de la modernité occidentale. Les artistes chinois ayant vécu hors de Chine sont emblématiques d'une vision trans-culturelle de la création et bénéficient ainsi d'une demande solide tant à l'Est qu'à l'Ouest du planisphère. La scène artistique française est marquée par des artistes chinois de premier plan, collectionnés tant en Europe qu'en Chine : citons les abstractions de ZAO Wou-ki et de CHU Teh-Chun, désormais multi-millionnaires. Plus doucement, sans faire de bruit, Wang Keping dessine son chemin. WANG Keping est un fondateur du fameux groupe 'Les étoiles', nom choisi pour ce premier groupe d’artistes chinois non-officiels parce que « nous étions alors les seules lueurs qui brillaient dans une nuit sans fin. De plus, les étoiles qui semblent si petites vues de loin peuvent se révéler de gigantesques planètes ».

Le chemin de Wang Keping

Wang Keping n'est pas peintre ni dessinateur mais sculpteur. Né en 1949 à Pékin, il travaille à Paris depuis plus de 20 ans et reste confidentiel en regard de sa position dans l'histoire de l'art du XXème siècle. En opposition aux canons du réalisme socialiste, il fonde le groupe "Les Étoiles" (Xing-Xing) en 1979 avec HUANG Rui, MA Desheng, Zhong Acheng, BO Yun, LI Shuang et QU Lei Lei. Il se lie aussi à l'époque à un jeune provocateur alors inconnu : AI Weiwei. En 1979 toujours, la Galerie Nationale d'Art de Pékin refuse leurs oeuvres dans une exposition. Les Etoiles n'en restent pas là et organisent leur propre exposition devant le musée. Ce coup d'audace fait le tour du monde, jusqu'à la une du New York Times. Un an plus tard, les Etoiles précédement refusés sont officiellement invitées à exposer au cœur de la même Galerie Nationale de Pékin.

Les membres du groupe commencent à s'éparpiller peu après cette exposition. Wang Keping est expulsé et choisit la France pour nouveau point d'ancrage. Après des œuvres explicitement politiques - les Idoles ou Silence - qui eurent un grand retentissement et furent exposées au Centre Georges Pompidou en 1989, son oeuvre s'attendrie au fil des années, prenant souvent pour sujet des femmes et des couples. L'artiste fait parler la matière vivante du bois, respectant la forme initiale de son matériaux et suivant ses courbes naturelles pour faire émerger des formes d'une grande sensualité. Ses sculptures, qui rappellent les totems modernes de Gauguin ou Matisse, sont ensuite patinées au feu : « Le bois est superficiellement brûlé, remarque Sylvain Lecombre, pour obtenir une teinte qui semble totalement pénétrer la masse du corps représenté. »

Wang Keping est aujourd'hui représenté à Paris et New York (galerie Zürcher) mais aussi à Hong Kong (10 Chancery Lane Gallery). Quant à l'histoire de la construction de sa cote en salles de ventes, celle-ci remonte à l'année 1998. A l'époque, Christie's Londres propose une première sculpture. Ce baptême des enchères se scande par un échec de vente malgré une estimation attractive de 5 000 euros. La demande n'est pas au rendez-vous et aucune maison de ventes n'offre d'autres oeuvres durant les six années qui suivent... Il faut attendre 2004 pour que Christie's fasse à nouveau le pas, mais cette fois à Hong Kong. Le couple sculpté alors proposé se vend l'équivalent de 5 400 euros. Une bonne affaire. Deux ans plus tard, le marché s'assoit définitivement avec un résultat hors norme pour l'époque : une sculpture de femme vendue près de 50 000 euros, au double des prévisions, cette fois-ci à New York. Un mois après cette vente : nouveau coup de marteau notable à Hong Kong, pour 63 000 euros (Companion, Sotheby's, le 8 avril 2004). De fait, les affaires s'enclenchent aussi sur le marché français, qui opère son rattrapage de cote.

Aujourd'hui, les œuvres de Wang Keping échappent aux élans spéculatifs. La cote se consolide et grimpe sereinement depuis huit ans. L'artiste reste assez confidentiel en Occident, ce qu'il déplore, considérant que les critiques d'art, les journalistes et les musées négligent souvent son œuvre, parce qu'elle est en-dehors des courants à la mode. La Chine lui rend quant à elle des hommages de plus en plus stimulants, dont une exposition solo en 2013 au prestigieux Ullens Center for Contemporary Art. Wang Keping est patient et attend son heure de gloire en France.

Source  © artprice.com

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Nouveau record mondial attendu pour Picasso
毕加索的作品有望打破世界纪录

La maison de ventes Christie's s'attend à signer le nouveau record mondial pour une œuvre aux enchères, avec une toile majeure de Pablo PICASSO, estimée autour des 140 m$. L'histoire de cette œuvre, Les Femmes d'Alger (Version «O»), n'a rien d'anodin. Tout d'abord, cette toile de 1955 fait partie de la série des Femmes d’Algerinspirée par l'oeuvre orientaliste d'Eugène Delacroix. Picasso réalisa une vingtaine de variations autour de ce thème entre 1954 et 1955. Ce fut une période majeure de l'artiste, lors de laquelle il rendit hommage (non sans humour ni ironie) aux grands maîtres du passé, dont Velasquez, Manet et Poussin. Les Femmes d'Alger (Version «O») affiche par ailleurs un pedigree particulièrement prestigieux, puisqu'elle provient de la célèbre collection américaine Victor et Sally Ganz. Remontons dans le passé : le couple Ganz était parvenu, en quarante ans, à réunir la plus importante collection de Picasso en mains privées, soit plusieurs centaines de gravures, dix dessins, cinq sculptures et une vingtaine de toiles, dont quatre issues de la série des Femmes d'Alger. Le premier Picasso de la collection Ganz fut Le Rêve, célèbre toile de 1932, acquise pour 7 000 $ en 1941. A la mort de Sally Ganz, Christie's fut chargé par les enfants de vendre une partie de la collection. Le Rêve s'envolait alors pour 44 m$ (48,4 m$ frais inclus) et Les Femmes d'Alger (Version «O») pour 29 m$ (31,9 m$ frais inclus). Christie's réalisait, pour l'époque, la plus importante vente de collection privée (avec 206 millions de dollars de résultat). Si la société parvenait à vendre Les Femmes d'Alger pour 140 m$ le 11 mai prochain, l'actuel record de Picasso serait enterré de près de 50 m$...

Record attendu pour Qi Baishi vs Picasso

Un nouveau record mondial est aussi attendu à Pékin pour le « Picasso » chinois, à savoir Qi Baishi (1864-1957). QI Baishi est le plus grand peintre chinois du XXème siècle, et Pablo Picasso lui vouait une grande admiration. Ce géant de l'art moderne chinois, qui fut autant apprécié par les lettrés chinois que par le peuple, devrait atteindre un nouveau prix record, à la mesure des grands artistes modernes occidentaux. N'oublions pas que c'est à Qi Baishi que l'on doit l'oeuvre chinoise la plus chère du monde, avec Eagle Standing on Pine Tree, an ink painting with a four-character couplet in seal script, vendue l'équivalent de 57 m$ en 2011 à Pékin (65,7 m$ frais inclus chez China Guardian).

Cette œuvre tripartite comportait un dessin à l'encre et deux calligraphies. Or, la société Poly International Auction annonce cette fois la mise en vente d'un rare ensemble de douze paysages... douze rouleaux de près de deux mètres de longueur chacun, achevés en 1925, en pleine maturité de l'art de Qi Baishi. Cet ensemble fut offert par l'artiste à son ami Chen Zilin (respectable médecin connu à l'époque), avant d'être acheté par Guo Xiuyi, un homme du monde et grand amateur d'art. Les douze dessins ont été conservé dans la collection familiale jusqu'à maintenant. Ils pourraient passer aujourd'hui les 160 m$ aux enchères et engendrer un nouveau record mondial d'adjudication. Avec la montée en puissance du marché chinois, les ventes annuelles de Qi Baishi se sont déjà avérées plus importantes que celles de Picasso (510 m$ d'oeuvres vendues en 2011). L'année 2015 s'ouvre à nouveau sur un combat de titans entre maîtres occidentaux et chinois.

Source  © artprice.com