Vague de popularité du Qigong: Maître Haideng 海灯 (1902-1989)



Des acteurs importants de la Vague de popularité du Qigong


Maître Haideng 海灯 (1902-1989)

par Michel Parent, mars 2025



Ses origines.

Maître Haideng (海灯), né en 1902, était un moine bouddhiste chinois renommé, un artiste martial et un enseignant spirituel. Son nom de naissance était Fan Wubing (范无病), et il était originaire de la province du Sichuan, en Chine. Dès son plus jeune âge, il montra des capacités physiques exceptionnelles et une forte inclination pour le bouddhisme. Sa famille, bien que modeste, encouragea sa quête de connaissances spirituelles, et il fut profondément influencé par les traditions bouddhistes qui dominaient sa région.

Yang Chao 杨超


Son entrée dans la vie monastique.

À l'âge de 19 ans, Fan Wubing rejoignit un monastère bouddhiste et prit le nom monastique de Haideng, qui signifie « Lampe de la Mer » (海灯). Ce nom symbolisait l’illumination et la sagesse se propageant comme une lampe au-dessus de l’immense océan de l'existence. Il se consacra à des études bouddhistes rigoureuses, à la méditation et à l'entraînement aux arts martiaux, mettant l’accent sur l’intégration de la discipline physique avec l’élévation spirituelle.


Sa maîtrise des arts martiaux.

Maître Haideng devint largement connu pour ses compétences exceptionnelles en arts martiaux. Il s’entraîna intensivement dans les arts martiaux chinois traditionnels, notamment le Kung Fu Shaolin, et développa une compréhension approfondie de l’énergie interne (Qi, 气). Il était célèbre pour sa technique du « Zen du Doigt Unique » (一指禅), un exploit impressionnant où il pouvait soutenir tout son corps sur un seul doigt. Cette démonstration émerveilla non seulement les spectateurs, mais devint également un symbole de son contrôle profond du corps et de l'esprit.

Sa philosophie des arts martiaux insistait sur le fait qu’une véritable maîtrise nécessitait non seulement une force physique, mais aussi une illumination spirituelle. Il prônait une approche holistique, où les arts martiaux servaient à cultiver la paix intérieure, la discipline et la sagesse.

Ses pèlerinage et voyages spirituels

Tout au long de sa vie, Maître Haideng voyagea à travers la Chine, visitant de nombreux temples et sites sacrés afin d’approfondir sa pratique bouddhiste. Il passa un temps considérable au Temple de Shigong, situé sur la montagne Shigong, sur l'île Xishan, à Suzhou. Là, il se consacra à la méditation, à l’étude des écritures et à l’entraînement aux arts martiaux. Cette période fut l'une des plus significatives de sa vie, lui permettant d’affiner ses techniques et de mieux comprendre les liens profonds entre le bouddhisme et les arts martiaux.

Au cours de ses voyages, il rencontra divers maîtres bouddhistes et pratiquants d’arts martiaux, échangeant des connaissances et perfectionnant sa compréhension du bouddhisme Zen (Chan). Il partagea également son savoir avec ses disciples, dont plusieurs devinrent par la suite des figures éminentes du bouddhisme et des arts martiaux.

Son enseignement et la reconnaissance publique

Au XXe siècle, durant la période de modernisation de la Chine communiste, les arts martiaux traditionnels et les pratiques religieuses rencontrèrent des défis. Toutefois, Maître Haideng réussit à préserver et promouvoir la tradition Shaolin. Il participa à des démonstrations publiques, mettant en avant ses compétences extraordinaires, et gagna la reconnaissance de nombreux érudits, moines et artistes martiaux à travers le monde.

Dans les années 1980, lorsque la Chine recommença à réintroduire des éléments culturels traditionnels, Maître Haideng devint une figure importante dans la revitalisation de l'intérêt pour les arts martiaux bouddhistes. Il fut fréquemment invité dans des universités et institutions pour donner des conférences sur les aspects philosophiques et spirituels des arts martiaux. Son enseignement insistait sur l’intégrité morale, l’autodiscipline et l'importance d’équilibrer la puissance martiale avec la compassion et l'humilité.

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Sa relation avec le maître de qigong Yan Xin (严新).

L’une des figures notables associées à Maître Haideng fut le célèbre maître de qigong Yan Xin (严新). Yan Xin, un praticien de qigong très respecté, était connu pour ses capacités de guérison extraordinaires et sa connaissance approfondie de la médecine traditionnelle chinoise et de la culture de l’énergie vitale. Les deux maîtres partageaient un intérêt commun pour l'intégration des arts martiaux, de la méditation et du qigong comme voies vers un développement spirituel et physique supérieur.

Maître Haideng et Yan Xin eurent plusieurs discussions sur la nature du Qi et ses applications dans les arts martiaux et la guérison. Tandis que Haideng mettait l’accent sur l’aspect physique et discipliné de la culture du Qi à travers les pratiques Shaolin, Yan Xin se concentrait sur les aspects médicaux et métaphysiques du qigong. Leurs échanges contribuèrent à une compréhension plus large du Qi en tant que force spirituelle et physiologique, influençant de nombreux pratiquants des arts martiaux Shaolin et du qigong moderne.

Bien que leurs approches fussent différentes, ils reconnaissaient tous deux l’importance du Qi dans l’auto-cultivation et la pratique spirituelle. Leur relation souligna la complémentarité des arts martiaux et du qigong dans la quête de la maîtrise personnelle et de l’illumination.

Des controverses et du scepticisme.

Malgré sa renommée, certains sceptiques remettaient en question l’authenticité des démonstrations martiales de Maître Haideng. Son exploit du « Zen du Doigt Unique » fut notamment sujet à débat, certains critiques suggérant qu’il pouvait s’agir d’une performance soigneusement maîtrisée plutôt que d’une démonstration réelle de la maîtrise du Qi. Cependant, de nombreux élèves ayant suivi son enseignement témoignèrent de ses capacités extraordinaires et de sa profonde sagesse spirituelle.

Indépendamment du scepticisme, Maître Haideng resta fidèle à ses enseignements, soulignant que l’essence des arts martiaux ne résidait pas dans la démonstration de prouesses physiques, mais dans la culture de la force intérieure et de l’illumination.

Ses dernières années et son héritage

Dans ses dernières années, Maître Haideng continua d’enseigner et d’inspirer des élèves, en Chine et à l’international. Il se consacra à la préservation des traditions martiales bouddhistes et à leur transmission aux générations futures. Malgré son âge avancé, il resta actif dans l’entraînement et la méditation, démontrant un engagement indéfectible envers sa voie spirituelle.

Maître Haideng s’éteignit en 1989, laissant derrière lui un riche héritage de philosophie martiale et de sagesse bouddhiste. Ses contributions au Kung Fu Shaolin et au bouddhisme Zen continuent d’être étudiées et respectées par les pratiquants du monde entier.

Son influence sur les arts martiaux modernes et le bouddhisme

L’impact de Maître Haideng sur les arts martiaux et le bouddhisme dépasse son époque. Son enseignement sert de pont entre les pratiques traditionnelles de Shaolin et l’entraînement martial contemporain. De nombreux artistes martiaux modernes, pratiquant notamment le Wushu et le Kung Fu, s’inspirent de sa discipline et de sa philosophie.

De plus, son histoire de vie reste un témoignage du pouvoir de la persévérance, de la foi et de la quête de la sagesse. Sa conviction que les arts martiaux doivent être un moyen d’auto-cultivation plutôt qu’un simple combat continue d’influencer les pratiquants aujourd’hui.

Conclusion

La vie de Maître Haideng fut marquée par le dévouement, la discipline et l’illumination spirituelle. Moine, artiste martial et enseignant, il a laissé une empreinte indélébile sur les traditions chinoises des arts martiaux et du bouddhisme. Son héritage perdure à travers les innombrables élèves qu'il a inspirés et l’étude continue de sa philosophie et de ses techniques. Qu’il soit perçu comme un légendaire artiste martial ou un chercheur spirituel dévoué, Maître Haideng reste une figure emblématique dont les enseignements résonnent à travers les générations.