Xunzi: un portrait

Un portrait historique de Xunzi



XUNZI / SIUN Tseu
(310-235)

Originaire du pays de Zhao [Tchao], il mène la vie itinérante de ses compagnons philosophes. Il est le dernier représentant de l’école confucéenne avant la grande destruction des ouvrages anciens sur l’ordre de Qin Shi Huangdi en 213 av. J.-C.

Il fonde sa réflexion sur les enseignements de Confucius, mais en soulignant le caractère fondamentalement mauvais de la nature humaine. C’est en ce sens qu’il apparaît à la source du légisme prôné par HAN Feizi (280-233) et de LI Si (280-208) dont il aura été le professeur.

Pour XUNZI la nature humaine est mauvaise mais elle a un potentiel de développement. C’est pour cela qu’il faut des rites et de bonnes distinctions sociales, chacun pouvant se développer selon sa pratique quotidienne. Il a bien compris l’influence de l’habitude. Il prêche le libre arbitre et une attitude énergique : le bonheur ou le malheur dépendent entièrement de notre conduite, le ciel n’a rien à y faire. Il rationalise donc les rites qui ont leur valeur sociale et qui sont parfaitement raisonnables et donnent expression aux sentiments humains d’une manière mesurée.

Il insiste donc sur le contrôle social puisque l'homme ne peut pas vivre sans une certaine organisation sociale, d'où l'importance des rites, des règles de conduite, des cérémonies habituelles de la vie et de la justice ou de la moralité.




Pour lui, la société est la grande éducatrice des individus. Les institutions forment l’homme et ainsi ordre social et raison se confondent. Il fait donc de l’apprentissage du rituel, tel que le pratiquaient les confucianistes, un dressage civilisateur nécessaire à l’établissement de tout ordre humain digne de ce nom.

Les valeurs sont dues à la culture, et la culture est l'accomplissement de l'homme.

Xunzi essaie de se frayer un chemin spécifiquement confucéen entre les partisans de Laozi et ceux de Mozi (479-420) et, à la différence de l’École yin/yang ou du Livre des Mutations, Xunzi insiste sur la distinction entre Ciel et Homme. Le Ciel fait œuvre d’engendrement et l’Homme joue son rôle d’ordonnateur, ce dernier n’ayant qu’à gérer au mieux le domaine sur lequel il a prise et s’abstenir de se lancer dans de vaines spéculations sur ce qui le dépasse.

Le Ciel a ses saisons, la Terre ses richesses, l’Homme son ordre.
C’est ainsi qu’ils peuvent former une triade.


Références documentaires

DUYVENDAK J. J.-L. Études de philosophie chinoise, Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome CX, juillet-décembre 1930, pp.372-417. Ce texte est disponible sur le site Internet de l’Université du Québec à Chicoutimi, Les Classiques des sciences sociales.

FONG Yeou-Lan [FENG Youlan, 1895-1991]. Précis d'histoire de la philosophie chinoise, Éd. Le Mail, [1952], 367 p. Pour XUNZI voir le chapitre XIII : La branche réaliste du confucianisme : Siun-Tseu, p.158-168.

MATHIEU Rémi (trad.) XUN Zi, dans Le BLANC Charles & Rémi MATHIEU. Philosophes confucianistes, Gallimard, bibliothèque de la Pléiade, 2009, p.649-1325. Traduction intégrale de l’œuvre.

MATHIEU Rémi (trad.). Traité sur le Ciel et autres textes de XUN Zi, Gallimard, Folio Sagesses no 5592, 2009, 92p. Il s’agit de trois textes extraits des Philosophes confucianistes (Gallimard, Bibliothèque La Pléiade, 2009): Le Perfectionnement de soi, Honneur et déshonneur, Traité sur le Ciel (chapitres II, IV et XVII respectivement).]

ZUFFEREY Nicolas. Introduction à la pensée chinoise, Éditions Hachette livre/Marabout, 2008, 287 p. Pour XUNZI voir les pages 80-85.

ANONYME. « Confucius, Lao-Tseu, Tchouang-Tseu : les textes fondateurs de la pensée chinoise », Le Point, no hors-série 13, mars-avril 2007, 122p. Excellente synthèse de tous les textes fondateurs. Lexique fort utile à la fin. Pour XUNZI voir les pages 50 et 90.

Les Ateliers de Taiji, décembre 2015.
par Robert Boudreault