Un portrait historique de Mengzi
MENGZI / MENCIUS
(372-289)
Né dans le village de Fu [Fucun]
dans le duché de Zou au Shandong, Mengzi est le principal continuateur
de l'École des Rites fondée par Confucius, dont il représente la
tendance idéaliste.
Il aurait commencé la composition de son œuvre
éponyme après sa retraite en -312 et le Mengzi aurait échappé à
l’autodafé de -213. Alors que Confucius préconisait la Règle d’Or [le
Milieu juste, la Pratique équilibrée] et la mansuétude pour la culture
personnelle de l’individu, Mengzi l'étend au gouvernement et à la
politique.
En pleine période des Royaumes Combattants, sous
l’impulsion de Mengzi, l’ensemble des valeurs morales et culturelles
défendues par les Lettrés devint un enjeu politique.
Sa pensée
Pour Mengzi, l’homme possède à la naissance les 4 germes [si duan] : la
compassion face à la souffrance, la honte face au mal, l’humilité à
l’endroit des aînés, et le discernement du vrai et du faux. À l’âge
adulte, ces 4 germes s’épanouissent pour devenir respectivement : vertu
d’humanité, justice, observance rituelle et sagesse.
Ces germes résident dans le cœur [xin]. «Le caractère xin fut à l’origine un pictogramme de l’organe physique du cœur; pour les anciens Chinois, l’organe du cœur était le siège du sens moral, de la pensée, de la volonté et du sentiment. Pour eux, le cœur - et non le cerveau - était le centre névralgique de l’être humain.»
Pour Mengzi, ce qui rend
insupportable le spectacle de la souffrance d’autrui est la
manifestation évidente de la présence intrinsèque de la moralité en
l’homme. Le xin désigne à la fois l’esprit et le cœur et est pour
Mengzi une forme exclusivement humaine de sensibilité, de faculté de
ressentir, de désirer et de vouloir, mais aussi de penser ce qui est
ressenti, désiré, voulu. Le xin est originellement issu du Ciel, il est
déjà tout là : il ne reste plus qu’à l’actualiser. C’est notre
responsabilité propre que de parfaire notre humanité : la sincérité,
l’authenticité préside à la réalisation, à l’accomplissement de la part
céleste en chaque être humain.
« S’accomplir soi-même, c’est
humanité ;
permettre aux choses de s’accomplir, c’est sagesse ».
Message politique
Voici le message de Mengzi aux souverains : la
meilleure façon de gouverner est de mettre en œuvre le sens de l’humain
[ren] car ils trouvent dans le peuple la source de leur légitimité,
légitimité morale plus que politique. Il faut rappeler que le peuple
est en fait l’expression du mandat du Ciel, donc la sanction qui
justifie l’instauration d’une dynastie.
Cette prédominance de
l’éthique sur le politique perdurera durant toute l’histoire chinoise.
Ce gouvernement n’est pas la suppression de la hiérarchie politique et
sociale, au contraire : le ren est le meilleur garant de la hiérarchie
puisqu’il en constitue la justification morale.
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